
Mois de la fierté: «Ta différence est une force, pas une faiblesse»
Juin, c’est le mois de la Fierté! Pour célébrer, on t’a invité à poser tes questions à trois fiers représentants de la diversité. Voici les réponses de Rafaël Provost!
Rafaël est le directeur de l’organisme Ensemble pour le respect et la diversité qui rend visite aux écoles primaires et secondaires du Québec pour sensibiliser les jeunes comme toi à l’importance de l’inclusivité.
Comment as-tu fait pour trouver le courage de faire ton coming out devant toute ta classe? Comment ça s’est passé? Est-ce que ça a été difficile?
Je viens de Napierville, en Montérégie, et j’ai fait mon coming out devant toute ma classe, à 17 ans. Depuis le début du secondaire, les autres m’avaient déjà mis une étiquette : «le gay de l’école». J’ai mis des années à m’approprier cette identité-là, à comprendre que ce n’était pas une insulte, mais une partie de moi. Ce qui m’a aidé, c’est un livre que m’a conseillé une enseignante : La nuit des princes charmants de Michel Tremblay. En le lisant, j’ai compris que je n’étais pas seul, que c’était possible d’être heureux ET homosexuel. Ce jour-là, en classe, j’ai eu peur, c’était pas un moment facile… mais je me suis levé, j’ai dit la vérité. Et même si ce n’était pas parfait, je me suis senti libre pour la première fois. Un masque qui m'étouffait est tombé, j’ai décidé d’être le boss de mon identité.
As-tu vécu de l’intimidation à l’école ou ailleurs en lien avec ton identité? Qu’est-ce qu’on doit faire si ça nous arrive?
Oui. J’ai vécu des moqueries, des insultes, du rejet, du primaire au secondaire… Et ça marque. Mais ce n’est jamais ta faute. Si tu vis de l’intimidation, la première chose à faire, c’est d’en parler pour se sentir moins seul. À un adulte en qui tu as confiance, à un intervenant, à quelqu’un qui peut t’aider, à un·e ami·e. Et surtout, n’oublie jamais : tu as le droit d’exister pleinement, tel·le que tu es. Ta différence est une force, pas une faiblesse.
Bonjour ! J'ai 13 ans et je suis lesbienne. Je ne sais pas si je suis prête à faire mon coming out. Est-ce que c'est obligatoire? Comment faut-il le faire? À quel âge? Je suis très anxieuse à propos des commentaires qui pourraient être homophobes envers moi lorsque je l'annoncerai.
Merci pour le partage. Non, le coming out n’est pas obligatoire. C’est un choix très personnel. Tu as le droit de prendre ton temps. Il n’y a pas d’âge «idéal», seulement le moment où tu te sentiras assez en sécurité et bien entourée. Tu n’as rien à prouver. Ce qui compte, c’est toi, ton bien-être, ta paix intérieure. Et si jamais il y a des commentaires méchants, ce ne sont pas des vérités, ce sont leurs peurs. On ne peut pas contrôler le monde entier, mais on peut se bâtir un monde à nous qui nous fait sentir bien. Et n’oublie jamais qu’une communauté entière est avec toi.
Pourquoi les personnes LGBTQ+ sont-elles rejetées de la société ou par leur famille?
Souvent, c’est la peur de la différence, le poids des traditions ou un manque de compréhension, de l'ignorance. Certaines familles veulent «protéger», mais finissent par blesser. D’autres ont simplement peur du regard des autres. Mais ça ne veut pas dire que nous devons nous changer. Le rejet vient des limites des autres, pas de notre identité. Et par mon expérience, nos familles peuvent aussi s’ouvrir et devenir des alliés avec le temps!
Demain, on te présente les réponses de Céleste Trianon. Si tu as manqué celles de Manon Massé, c’est ici!