
Même pas peur! Le biologiste qui pose des émetteurs sur l'aileron des requins
Il y a présentement au moins 200 requins blancs dans le golfe du Saint-Laurent et dans l’Atlantique près du Canada. Comment on le sait? Ces requins sont munis d’un petit émetteur qui permet de les suivre. Imagine: il y a des gens dont le travail est d’installer ces émetteurs SUR les requins 😱! Comment font-ils? Est-ce que c’est dangereux? J’ai parlé à Xavier Bordeleau, un biologiste qui traque les requins!
Xavier est chercheur scientifique à l'Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli, en Gaspésie. Sa spécialité: les mammifères marins. En fait, ce sont particulièrement les phoques qui l’intéressent. Il y en a beaucoup dans le fleuve et le golfe du Saint-Laurent.

Xavier et un phoque gris. Tu peux voir un émetteur installé sur la tête du phoque. Eh oui! Les phoques aussi sont suivis!
Xavier, c’est quoi le lien entre les phoques et les requins?
Puisque j’étudie les phoques, je dois tout connaître d’eux. Ça inclut ce qu’ils mangent et ce qui LES mange! Depuis quelques années, il y a un prédateur qui revient dans l’écosystème: le grand requin blanc. On doit donc mieux comprendre l’impact que ça aura sur la population de phoques.

C’est pour ça que vous suivez des requins avec des émetteurs?
Oui. Grâce à ça, on peut voir leurs déplacements sur la carte et mieux comprendre leurs mouvements. C’est la 3e année qu’on les marque (c’est-à-dire qu’on installe des émetteurs). On se rend autour des colonies de phoques gris des Îles-de-la-Madeleine. Cette année, on a marqué 28 requins. C’est le plus grand nombre jusqu’à maintenant. Mais on ne réussit pas à tous les approcher.

Comment faites-vous pour installer l’émetteur?
On accroche des morceaux de viandes tout autour du bateau et on attend que le requin s’approche. Pendant qu’il mange, on accroche rapidement l’émetteur dans l’aileron à l’aide d’une grande perche. On n’utilise pas d’hameçon, on ne les capture pas. On les touche à peine.

Avec la perche, un scientifique installe un émetteur sur un requin.
Vous suivez combien de requins en tout présentement?
Environ 200. On sait qu’ils arrivent dans le golfe au début du mois de juin. C’est en septembre qu’il y en a le plus. Puis, au début décembre, ils quittent pour aller en Floride.
Est-ce qu’il y en a plus qu’avant dans nos eaux?
Oui. Et ils y passent plus de temps. C’est probablement lié aux changements climatiques.
Est-ce qu’il faut en avoir peur?
Non. Mais on doit être conscient qu’on partage notre habitat avec le requin blanc. Ce n’est pas un réflexe d’y penser, au Québec. Il faut éviter de se baigner dans les endroits qui sont connus comme site d'alimentation des requins, ça veut dire près des colonies de phoques.
Est-ce qu’on s’habitue à côtoyer ces immenses prédateurs quand on les étudie?
Non, chaque fois, je trouve ça vraiment impressionnant! On travaille avec des collègues de la Nouvelle-Écosse, donc on parle beaucoup en anglais, et le mot le plus excitant qu’on peut entendre, c’est quand quelqu'un crie «Shark!» (requin en anglais). Quand j'étais petit, j'aurais rêvé d'un projet comme ça, sur les phoques gris et les requins blancs. Jamais j’aurais pensé que c'était possible de faire ça au Québec!
As-tu déjà navigué sur le fleuve? As-tu déjà vu des baleines, des phoques, des poissons? Ou en rêves-tu? Raconte-moi!